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22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 01:48

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Activiste présent au sein des clinquantes avenues Parisiennes comme dans les sordides ruelles de la grosse pomme, Soir2, membre des collectifs au style acéré 101/ABC, a eu la gentillesse de répondre à mes questions ainsi que de retracer quelque peu son parcours et de me livrer sa vision du graffiti.

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Le Horla : Peux tu nous rappeler d’où es-tu originaire et quand est-ce que tu as commencé à peindre ?

Soir2 : Sans rentrer dans les détails, disons que je ne suis pas d’origine française – je suis venu a Paris quand j’étais gamin et y ai passé mon adolescence et mes premières années de jeune adulte. Après, pour ce qui est de le peinture, j’ai commencé à m’intéresser au graff quand j’avais 11-12 ans. S’en sont suivis les premiers tags dans l’école, puis dans la rue, puis les premiers graffs …

Pour l’anecdote, vu que je n’avais pas de thune quand j’étais gamin et que la pe-ta me paraissait trop risquée a l’époque, je me rappelle que pour mon premier graff j’avais acheté un bombe de chrome, et que pour les contours, n’ayant pas assez pour du noir, j’ai utilisé un marqueur permanent en l’appuyant bien fort sur le parpaing … Je te laisse imaginer le résultat !

 

LH : Quelles furent tes premières influences ? Artistes, crews à tels ou tels endroits, sur telles ou telles ligne …

S : Les premières influences ont été les P19 (Notamment Spir, Pener, Dover, Legz) sur l’A6 qui m’ont choqué par la quantité et la qualité de leurs pièces sur les autoroutes du sud de Paris. Après, bon on va dire tous les crews présents dans la banlieue sud a la fin des années 1990– les CP5, les 132, les UV-TPK, les CIA, les 1K, les ARM, les OBKOS, les D7K, etc …

 

LH : D’ailleurs, pourquoi le graffiti ? Comment es-tu tombé dedans et qu’est ce qui te motive à perdurer ?

S : Pourquoi le graff plus qu’autre chose…je ne sais pas à vrai dire, c’était y a trop longtemps. Je pense que le fait de marquer son territoire avec de grosses lettres dans des endroits "interdits" et dangereux m’a toujours attiré, d’où ma préférence depuis le début pour le vandal. Assez marrant d’ailleurs, un peu après avoir fait mes débuts dans le graff j’ai commencé le DJing, qui était un peu un autre délire, les vinyles, les soirées, les mix, etc. Mais c’est vrai qu’après 3-4 ans, je me suis rendu compte que pour pouvoir m’investir à fond et faire les choses biens, je devais faire un choix entre les deux … Et je suis donc là … Avec encore de l’encre sur les doigts …

 

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LH : “Soir2”, d’où t’est venu ce pseudonyme ?

S : J’ai 2 ou 3 blases avant SOIR2 et je m’étais aperçu que j’aimais bien les lettres S, O et R. Par ailleurs mon dernier blase avant celui là était NOTCH [Un blase d’un an max], qui faisait référence à la nuit, le moment de la journée que je préfère. Mais ce blase là étant déjà pris, j’ai décidé de changer et de m’en choisir un nouveau. Après avoir cherché pendant quelques semaines j’ai décidé que SOIR serait plutôt bien, car pas trop éloigné du concept de la nuit et regroupant 3 des mes lettres préférées.

 

Après l’avoir posé pendant 2-3 ans, SIIIR / C4, un mec du Sud, m’a fait savoir qu’il y avait déjà un SOIR à Lyon [3PK si je me souviens bien]. A l’époque je m’étais dis “pas grave, il est à Lyon, je suis à Paname, on s’en branle”. Mais 6 mois après, un magazine [Radikal ?] avait sorti un numéro avec un dossier sur ce crew, on y voyait bien l’activisme du SOIR local [Respect]. A ce moment la je me suis dis qu’y avait pas moyen, je voulais que les gens sachent qui est qui et qu‘il n’y ait pas de confusion possible. Du coup j’ai rajouté le “2”, et depuis c’est rester ainsi et les gens savent bien de qui il s’agit.

 

LH : Le graffiti fait il désormais partie intégrante de ton quotidien ? Arrives tu à concilier sa pratique avec ta vie personnelle ?

S : Parti intégrante de mon quotidien...oui, dans un certaine mesure. Ça ne veut pas dire que je vais aller taper un store tous les soirs, mais je suis toujours à l'affût pour poser un guetta ou pour repérer un nouveau spot. Après, bon, ce qui est intéressant c’est que bien au delà de la situation familiale, c’est plutôt ma situation professionnelle qui influence le plus ma productivité. Quand t’es au chômage et enfermé à la maison pendant tout le journée a scruter le net pour un job, meuf ou pas meuf – la nuit tu va forcement foncer dehors pour relâcher un peu la pression. Mais, bon c’est sur que les week-ends ou je me retrouve sans ma famille, là mes gars le savent, ça va être rhum, graff et rue !!!

 

 

 

LH : Quels crews représentes tu ?

 

S : HVS - un crew que j’ai fondé début des années 2000 et qui est plus un crew du cœur qu’autre chose.

101 – un crew qu’avec des vrais mecs, des frères avec qui ont partage bien plus que le fitigra.

GFS – des mecs très proches des 101, avec même esprit et même délires, donc pareil, la mifa !

 

LH : Tu sembles avoir une préférence pour le “street-bombing” ? Quel est ton support préféré ?

 

S : Je n’ai jamais trop été attiré par les trains ou métro, et avec les années, je suis devenu trop faignant pour galère dans le noir sur les vf. Donc assez rapidement c’est devenue rue, rue, rue, que ce soit du mur, du store, du camtar, je m’en ouff, a partir du moment où je suis a terre, et que c’est éclairé. Les keufs, les proprios, les bons samaritains, les cailleras, les tacos, etc. Il y a tellement de trucs à prendre en compte, que tu dois toujours être sur tes gardes, prêt à foncer ou défoncer s’il le faut … Et c’est ça le kiff !

 

LH : Préfères-tu peindre en équipe ou solo ?

 

S : En équipe. Mes sauces sont ma famille, ont a les mêmes délires, les mêmes pulsions, le même rapport avec la marave, avec la prise de risque, avec l’adrénaline … Bref, des soirées qui restent toujours forcement mémorables. Après, du fait de mon style de vie, il se trouve que je peins les 95% de mon temps tout seul. Et la c’est un choix, si je ne peux pas être avec mon équipe, je préfère encore être tout seul.

 

LH : Via ton compte Instagram, j’ai cru comprendre que tu voyageais régulièrement notamment à New-York, ces trips ont-ils eu une influence sur ton style ou ta manière de peindre ? [Beaucoup de tag et de street-bombing au chrome, peu de terrain si je ne m’abuse].

S : Oui, pour des raisons professionnelles, puis personnelles j’ai passé quelques années à New-York. Brooklyn plus précisément. Ça n’a pas eu tant d’influence sur mon rapport avec le fitigra, j’ai toujours préféré le street bombing aux ambiances “dépôt”, et New-York est la parfaite école ! Pour le coup c’est vraiment une ville qui ne dort jamais, surtout dans les quartiers ou j’étais ... La nuit, la rue est toujours pleine de scarlas, de gue-dros, de tacos, de vil-cis, des keufs en uniformes, de travailleurs qui vont au boulot a 3h du mat, etc …

Du coup, ce n’est pas tant ton rapport avec le fitigra qu’il faut adapter mais ton rapport avec la rue et les gens. Dans ces quartiers, on ne balance pas de paroles en l’air et si tu provoques ou insultes quelqu’un ou vis et versa, faut être prêt a défendre ton steak avec tes poins et tes couilles, surtout quand t’es en solo !

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LH : Es-tu connecté à la scène New-yorkaise et/ou Londonienne ?

S : Non, pas vraiment. Comme je disais plus tôt, j’ai un cercle d’amis très proches et je me méfie du reste. A New-York j’ai eu la chance de rencontrer un autre Frenchie qui est devenu un de mes meilleurs amis depuis – ZESO. Il m’a introduit à quelques locaux, qui sont aussi devenus des potes, mais c’est tout. Londres … Nah, personne. Ce sont des villes où tu peux prendre tellement cher en terme d’amende et de temps à l’ombre que les gens n’hésitent pas à poucave leur propre crew. Du coup je pars du principe que j’ai évoqué plus tôt - faut mieux être seul que ... etc. Et puis je préfère laisser les gens parler, ce qu’ils font d’ailleurs très bien sur Instagram, 90bpm et autre Flickr d’ailleurs … Perso, je suis plus de ceux qui considèrent que “talk is cheap” …

 

 

LH : Quelle est ta ville préférée pour peindre ? En terme d’ambiance, de prise de risque, d’envie de performer.

 

S : Paris, sans égal. C’est une belle ville, avec une multitude de facettes, avec des ambiances complètement différentes et surtout un certain laisser-aller, qui fait que la ville est constamment défoncée [Après le grand nettoyage des années 2000].

 

 

 

LH : Quelle est ton opinion sur la scène graffiti française actuelle ?

 

S : Paris semble être en ébullition. Entre la nouvelle génération de graffeurs/street artistes, des anciens qui reviennent en remettre une grosse couche, des sudistes et des américains qui viennent se lâcher sur la capitale, etc … C’est un pur kiff ! Après, malheureusement je n’ai pas vraiment l’occasion de voir d’autres représentants de la scène française que ceux qui sont parisiens d’origine. Mais je suis sur qu’il y a énormément à voir !

 

 

 

LH : Quels graffitis artistes t’impressionnent ils le plus en ce moment ?

 

S : Sans lancer de fleurs à mon équipe - 2KER / SENAR / TWIST / WORE. Des styles de ouf, qui piquent et qui éveillent un peu les sens !

Sinon en terme d’artistes que j’aime bien, même si ce n’ai pas nécessairement ma came : HERT / KUMA / POST / CYRUS / SOFLES / LOVEPUSHER / les SMART crew / etc

Après, donnes moi du style parisien quand tu veux, il n’y a rien de mieux en terme de « simple et efficace » : les SPADZ / TRANE / SENO / AHER / FLASK / SQUEEZ / etc !

 

 

 

LH : Et si on devait parler de top 5 … ?

 

S : Oh mec ! C’est difficile de choisir un top 5 … Et ça va être tous des anciens ... Si ça ne te dérange pas je vais plutôt nommer quelques équipes qui se complètent : OBSEN, POCH & SHUN / SKIZO, IDEO & JACK2 / DECH & CHEYEN / EVOK, FORM & DIADEM / et forcement MODE2.

 

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LH : Même question avec des writerz étrangers du coup.

 

S : DERO / SENTO / JA / ZOMBY & TEACH / HERT (Le seul "jeune" dans la liste)

 

LH : Le hiphop, notamment le rap, tient il une place importante dans ta vie ? Si oui quels sont les artistes t’ayant le plus marqué ? Des périodes ou albums en particuliers ?

 

S : Le rap … non plus vraiment.

Avec les années, je me suis ouvert de plus en plus a d’autres styles de musique, et je me suis éloigné de plus en plus des rappeurs qui semblent toujours parler de :

1) galère et beef

2) biz & thune

3) club & meufs.

C’est sur que les Kanye West et autres Nicky Minaj n’aident pas forcement la cause … Après, si on parle d’artistes qui m’ont marqué – ASSASSIN [Forcement] / La Cliqua / le Ministère Amer / Oxmo / IAM / NTM et en étranger - Redman & Method Man / Lil Kim / Busta Rhymes / Jay Z [A l’ancienne] etc

 

LH : As-tu une devise ou un motto concernant la pratique du graffiti ?

 

S : ”Talk is cheap” !

 

LH : Si tu souhaites ajouter un mot de la fin ou moult dédicaces, fais-toi plaisir.

S : les 101-ABC : 2ker, Senar, Wore, Twist, Mater, Saka. Les GFS : Kse, Seko, Funk, Tryx, Wease, Sorace, 100an. Zeso [Mon frère de Brooklyn et notre poto Just]. Clyse [L’autre HVS, un mec qui est là à mes cotés depuis le début !] Et tous mes amis de plus ou moins longue date - Snope, 2Rode, Sory, Kas2, Rucy, Sover, Sueno, BMone et tous les autres que j’ai oublié. Et bien sur à toutes nos familles, femmes et enfants, qui ont toujours été là pour nous et qui nous supportent malgré tous nos délires de gamins !

 

Le Horla : Instagram.com/ll_kool_g


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